Je ne me prénomme pas Ted, je ne suis pas architecte, je n'ai jamais volé de cor bleu dans un restaurant et je dénombre moins de relations amoureuses dans ma vie que M.Mosby mais j'ai également un enfant (et, sans doute un jour, plusieurs) à qui j'aimerai raconter un jour comment j'ai rencontré sa mère.

Alors autant prendre de l'avance et m'entrainer, sous vos yeux de lecteurs, à lui conter cette histoire lorsqu'il aura 10 ans...

Tu sais Julian, il est de ces années scolaires dont on n'imagine pas qu'elles vont marquer nos vies. Et 2002-2003, qui voyait ton papa entrer en seconde année de classe préparatoire, appartenait à celles-ci.

A l'époque, Papa était plutôt maigrichon, avait le teint pâle - qui témoignait des trops longues heures passées à bucher loin du soleil - et avait une forte tendance à l'introspection (j'avoue que ce dernier point de caractère ne m'a jamais quitté). Les filles étaient une préoccupation un peu lointaine mais pas totalement désintéressante (exactement comme pour toi)... En tout cas, nous étions plusieurs au sein de mes amis d'alors à penser que nous ne trouverions pas de filles à nos goûts au sein des classes préparatoires.

Et pourtant après quelques semaines, une petite 1ère année attira mon attention. Elle n'avait rien fait pour mais elle dégageait un petit quelquechose qui dépasse la simple beauté : le Charme. Virginie, ta maman, était quelque peu réservée, recyclait les gilets de tes arrière-grands-mères et arborait des cheveux brouillonement ondulés (toi qui l'a déjà vu un jour de pluie ou après une douche, tu sais tout à fait ce que je veux dire).

Dès lors, il me fallait trouver un moyen de l'approcher et d'engager la conversation. Sauf que quand on est un grand timide avec la gente féminine, toute approche frontale est impossible sous peine de rougir et d'enchainer les banalités. Bref, l'histoire aurait été bien mal engagée si ta maman et moi n'avions pas eu un premier point commun : Myriam !!! Mimi, dans les bras de laquelle tu as gentillement bavouillé lors de notre mariage et qui était l'une des témoins de Maman,avait partagé les années lycée de Virginie et partageait de longs échanges avec moi dans le hall de l'internat. Et devant mon insistance à poser des questions sur celle qui n'était pas encore ta maman, elle me céda le numéro de téléphone portable (tu sais, il s'agit du petit appareil qui servait aux gens à communiquer à distance et que nous avons vu au musée l'autre fois) de celle que je convoitais... J'utilisais ce sésame quelques minutes seulement après son obtention en racontant à Virginie que je l'avais trouvé sur un petit morceau de papier. Ce gros mensonge ne fut avalé à mon avis par ta Maman que parce qu'elle était flattée et qu'elle m'avait également "repéré". C'est en tout cas, ce qu'elle m'a avoué ensuite ;-)

Il s'en est alors suivi de nombreux échanges de sms (des messages envoyés avec les téléphones portables) et de courriers jusqu'à obtenir un premier rendez-vous, puis un premier dîner... et un premier baiser : le 10 janvier 2003 dans le hall des magasins d'usine de Troyes volé grâce au jeu du silence ; Papa a toujours été très "inventif".

A partir de là, nous ne nous sommes plus quittés (ou presque puisque les études et le travail nous ont menés parfois à vivre chacun de notre côté). Nous avons appris à nous connaître, à vivre ensemble, à t'élever et nous sommes très heureux de ces bientôt vingt ans ensemble...

Voilà ce que j'aimerai dire à mon fils quand il me demandera comment j'ai rencontré sa mère.

Bien sûr, je pourrais aussi lui parler du premier plat qu'elle m'a cuisiné (j'ignorais qu'il était possible de faire des pâtes aussi collantes...), de la façon dont j'ai demandé Virginie en mariage, des douze heures où j'ai attendu de le voir pointer son nez à la maternité. Mais à tout ça, je répondrai à la manière de Barney : "It's gonna be legen... wait for it... dary ! Legendary !".

En tout et pour tout, Virginie et moi n'avons pris l'avion qu'une douzaine de fois et sur des vols plutôt courts puisqu'à destination de l'Europe (Suède,Norvège et Allemagne).

C'est donc tout naturellement que nous nous sommes interrogés sur la façon d'occuper notre temps lors du vol qui nous mènera vers Tahiti lorsque nous avons découvert qu'il durerait 23 heures. Voici donc les 10 idées les plus "pertinentes" qui nous sont venues...

1. Jouer

Apres tout, le vol ne sera pas forcément fastidieux ! Nous pourrons nous y amuser et remplir quelques grilles de Sudoku. Et à raison d'une grille toutes les 5 minutes, nous pourrons en compléter 276. Passées les 5 premières parties, pas sûr qu'on s'amuse beaucoup...

2. Angoisser

Rassurez-vous, nous ne sommes pas effrayés par une potentielle catastrophe aérienne (voir le point 9 ; et oui, vous devez lire le reste...). La question angoissante concerne plutôt les toilettes de l'avion car sur 23 heures, nous serons obligatoirement amenés à les visiter. Or, nous nous demandons à quoi peuvent bien ressembler des toilettes utilisées par plus de 100 personnes pendant aussi longtemps...

3. Regarder les programmes proposés par la compagnie aérienne

Le progrès est une chose fascinante qui a poussé les compagnies aériennes à doter leurs vols longs courriers d'une vidéothèque riche et de grande qualité. Air Tahiti Nui propose ainsi pas un, pas deux, pas trois, pas quatre mais cinq films et documentaires pour occuper ces 23 heures !!! Alors pour peu que nous ayons le choix entre un film du genre "Taxi 13" et un documentaire sur la reproduction des ragondins hermaphrodites de Tanzanie en semi captivité, nous n'aurons plus qu'à miser sur le point 4 !

4. Mesurer le temps qui passe

Quand nous étions petits, les professeurs nous apprenaient les différentes unités de temps : heures, minutes et secondes essentiellement. Pour illustrer cette dernière unité, certains vous ont sûrement parlé du mot "crocodile". En effet, une croyance répandue par les programmes pédagogiques d'alors invitait à croire que chanter "1 crocodile, 2 crocodiles, etc." permettait de compter au rythme des secondes. Et bien grâce à cela, nous pourrions compter les 82 800 secondes que durera le vol...

5. Faire connaissance avec les autres passagers

Si vous vous attendez à ce que nous évoquions le voisin de vol qui s'endormira sur nos épaules (et je prie secrètement pour qu'il s'agisse de l'épaule de Virginie si mon voisin n'est pas Nathalie Portman), vous vous trompez. Non ici, nous parlons plutôt de créer des liens avec les autres passagers pour apprendre d'imaginer leurs prénoms, leurs âges et leurs tendances sexuelles !

6. Se ronger les sangs

Quoi, vous ne voyez pas la différence entre "angoisser" et "se ronger les sangs" ??? Et bien regardez le numéro figurant devant ces mots dans notre liste et vous la verrez ! Un truc flippant dans les avions, et spécialement quand on part à l'autre bout du monde, c'est de se demander si nos bagages auront bien pris le même vol que nous... Parce qu'arriver en Polynésie avec rien à se mettre alors qu'on a eu un mauvais pressentiment durant 23 heures, ça la fout mal !!!

7. Réviser sa géographie

Grand classique des longs trajets en voiture, la récitation des départements français et de leurs chefs-lieux respectifs pourrait nous être utile au détail près que nous n'avons jamais conduit 23 heures d'affilée ! Vous nous suggérerez sûrement d'étendre l'exercice aux pays et à leurs capitales mais combien d'entre vous connaissent la capitale des Kiribati ou de Nauru ?

8. Ecrire un article pour ce blog

Vous avez franchement pensé un seul crocodile que nous allions vider la batterie de l'iPad pour vous !

9. Vivre un remake de "Lost, les disparus"

Si vous ne connaissez pas "Lost, les disparus", vous êtes certainement un(e) ami(e) de Virginie... En synthèse, "Lost, les disparus" est une série mettant en scène les survivants d'un crash aériens sur une île a priori déserte mais pas tant que ça en fait avec Les Autres, le projet Dharma, la fumée noire et tout et tout ! Donc, oui nous pourrions vivre cette expérience sauf qu'il n'y a que 184 chances sur 1 000 000 que celà se produise d'après les statistiques 2001 de l'Agence Européenne de la Sécurité Aérienne (c'est tout de même plus important que le risque de gagner au Loto).

10. Nous aimer en plein ciel

Hop hop hop, vous nous avez pris pour qui ? Bien sûr que nous évoquons ici un amour totalement platonique, nous ne sommes pas des bêtes tout de même !!!

Au-delà de toute plaisanterie, il est fort probable que nous retenions le point 10 et que nous profitions simplement de ces 23 heures ensemble pour nous aimer ;-)

45 jours avant le départ. 45 jours avant 23 longues heures de vol. 45 jours avant de fouler la terre polynésienne. 45 jours avant de vivre un truc de fou ;-)

Comme nous l'avons déjà évoqué avec plusieurs d'entre vous, nous débutons l'écriture d'un blog afin de vous permettre de suivre nos aventures à l'autre bout du globe. Et pour vous placer dans le contexte, voici quelques informations sur le pays qui va nous accueillir pendant 10 jours...

- Statut :collectivité territoriale d'outre-mer française.
- Superficie : à peine 4 167 km² de terres émergées, dont près d’un tiers pour Tahiti. Le tout réparti en 118 îles (dont 67 habitées) et 5 archipels : les îles de la Société, Tuamotu, Gambier, Marquises et Australes. Le territoire maritime est aussi vaste que l’Europe occidentale !
- Population : 270 000 habitants (estimation 2012), dont près de 85 % à Tahiti et sa voisine Moorea.
- Capitale : Papeete, sur l’île de Tahiti. Si la ville ne compte officiellement que 26 300 habitants (estimation 2010), sa zone urbaine regroupe 65 % des habitants du territoire !
- Densité : 65 hab./km².
- Ethnies : 66 % des habitants de la Polynésie française sont Polynésiens d'origine maorie, 17 % de "demis" (métissage entre Maoris, Chinois et Européens), 5 % d’ascendance asiatique (surtout Chinois) et 12 % d'Européens, dont une grande majorité de Français (répartis en Français locaux, et métropolitains expatriés) et d'Italiens.
- Religions : majorités protestante (35 %) et catholique (34 %).
- Langues : le français, langue officielle, et le reo maohi, la langue tahitienne, très parlée en Polynésie.
- Monnaie : franc pacifique.
- Régime : démocratie parlementaire. La Polynésie française forme un pays d’outre-mer (POM) disposant d’une très large autonomie, fruit d’un statut plusieurs fois redéfini ces vingt dernières années.